Lutte biologique contre les pucerons : stratégies et solutions innovantes

Les plantes de service comme outil de régulation des pucerons
Cette intervention, proposée au SIVAL 2025 par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire , a mis en lumière les capacités des plantes de service à réguler naturellement les populations de pucerons en cultures légumières. Ces ravageurs représentent une menace significative en raison de leur impact sur la croissance des plantes et leur rôle dans la transmission de maladies virales.
Différentes catégories de plantes de service ont été évoquées. Les plantes relais permettent d’élever des parasitoïdes pour une introduction rapide dans les cultures. La lutte biologique par conservation, quant à elle, repose sur l’utilisation de plantes pollinifères et nectarifères pour nourrir les auxiliaires, ainsi que sur les plantes banques hébergeant des proies de substitution. Enfin, les stratégies combinées de plantes répulsives et de plantes pièges permettent une régulation efficace en repoussant les pucerons et en concentrant leur présence sur des cultures alternatives pour mieux les éliminer.
Expérimentations en culture d’aubergine et enseignements
Les recherches menées au CTIFL ont testé une stratégie de lutte biologique par conservation appliquée à la culture d’aubergine. La mise en place de plantes banques comme l’ortie et la tanésie a permis d’héberger des pucerons spécifiques et d’attirer les prédateurs naturels tels que les coccinelles et les parasitoïdes.
Les résultats ont démontré une réduction significative de l’infestation par les pucerons dans les cultures aménagées par rapport aux témoins non traités. De plus, il a été observé que la fertilisation azotée influençait directement les niveaux d’infestation. L’augmentation des unités d’azote favorisait la prolifération des pucerons, mais la présence des plantes de service a permis de dissocier cette relation, permettant d’optimiser la fertilisation sans effet négatif sur la culture.
Limitations et enjeux des stratégies de régulation
Un point crucial abordé lors de l’intervention concerne les erreurs à éviter. Le choix des plantes de service doit être minutieux pour éviter l’introduction d’espèces végétales favorisant les pucerons indésirables. Par exemple, le sarrazin et le souci officinal attirent le macrocyphome euphorbiae, un puceron nuisible aux cultures d’aubergine.
Un équilibre précis doit être maintenu dans la séquence des processus écologiques. L’installation trop précoce ou trop tardive des plantes banques peut compromettre l’efficacité de la régulation biologique. Par ailleurs, l’utilisation des plantes répulsives représente également un défi, certaines espèces aromatiques pouvant avoir un double effet en attirant d’autres ravageurs.
Les expérimentations ont permis d’identifier certains végétaux prometteurs, notamment le lavandin et le basilic pistou. Ces derniers ont démontré leur efficacité en repoussant les pucerons dans des cultures de courgettes et de fraises. Cependant, leur combinaison avec d’autres espèces et leur intégration dans le système de culture nécessitent des ajustements fins.
Intervenants :
NADIA TOUNSI Conseillère arboriculture fruitière : Chambre d’agriculture des Pays de la Loire
JULIE CADOT : Conseillère arboriculture fruitière – Chambre d’Agriculture du Tarn et Garonne
JULIA CROMBEZ : Conseillère arboriculture fruitière – Chambre interdépartementale 17-79