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Vu au SIVAL

Regards croisés : produire du houblon dans le Grand Ouest

Par : SIVAL
Temps de lecture : Quelques minutes
Publié le : 16 janvier 2024
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Nouvelles filières
Thèmes
Diversification des productions, Techniques de production et agronomie
Organisé par
Végétal Connect
Vu au SIVAL : des producteurs de houblon présentent les défis entourant cette culture en France. Entre débouchés saturés, contraintes agronomiques et lutte contre les maladies comme le mildiou, les enjeux sont multiples pour cette filière en pleine évolution.

Les enjeux de la production de houblon en France présentés au SIVAL

Lors d’une intervention tenue dans le cadre du SIVAL 2024, Georges COULON et Guillaume SALAUN, tous deux producteurs de houblon, ont détaillé les enjeux et les perspectives de cette culture en France. Aujourd’hui, le houblon représente une surface d’environ 700 hectares en France, répartis entre 175 producteurs, et regroupe 68 variétés pour une production totale de 900 tonnes. Cependant, cette production reste modeste puisqu’elle ne représente que 1 % du houblon mondial, dominé par des acteurs tels que l’Allemagne et les États-Unis avec respectivement 20 000 et 24 000 hectares cultivés. D’un point de vue biologique, ce segment croît lentement avec 200 hectares en bio pour une production de 200 tonnes.
L’implantation d’une houblonnière exige des investissements conséquents. En Bretagne, par exemple, les coûts évalués varient de 60 000 à 80 000 euros par hectare, tandis que dans les Pays de la Loire, cela peut atteindre jusqu’à 100 000 euros, incluant les structures, bâtiments et matériel. Il faut également noter que cette culture atteint son rendement optimal à partir de la troisième année et est destinée à une exploitation sur environ 20 ans. La mutualisation d’efforts entre producteurs joue un rôle clé. En Bretagne, les producteurs se regroupent sous des marques comme « Bretagne Houblon », avec une production de 15 à 20 tonnes annuelles sur 12 hectares. Dans d’autres régions comme les Pays de la Loire ou l’Île-de-France, des groupements comme le GI2R (Houblons de l’Ouest) favorisent le partage de moyens et de savoir-faire. Néanmoins, une grande partie des producteurs conserve leur autonomie pour la commercialisation.

Les défis du marché bio et des débouchés pour le houblon

Ces échanges au SIVAL ont souligné les défis croissants auxquels font face les producteurs de houblon bio en France. En amont, les brasseries françaises, bien que nombreuses, sont majoritairement attirées par les houblons étrangers aux arômes réputés comme ceux des États-Unis ou de la Nouvelle-Zélande. Ce constat complique la commercialisation des variétés françaises, malgré leur qualité reconnue. À ce jour, seulement 30 % de certaines productions bretonnes sont consommées localement, et même avec des offres attractives, d’importants stocks restent invendus, entraînant des pertes économiques importantes estimées à 100 000–150 000 euros pour certains producteurs.
Sur le plan structurel, le marché sature également en raison de l’augmentation progressive des volumes, suite aux nouvelles installations. Cela impacte négativement la filière, d’autant plus que les micro-brasseries, principales consommatrices de houblons locaux, subissent également des tensions économiques fortes, telles que l’inflation ou les aléas de consommation liée à la saisonnalité. L’exportation peut représenter une solution viable, comme l’illustre l’expérience d’un producteur breton qui a trouvé son plus grand débouché en Lettonie. Cependant, la relocalisation des achats de houblons par les grandes brasseries françaises reste une priorité selon les intervenants. Ces brasseries privilégient encore trop souvent les importations malgré des qualités égales ou supérieures et des prix compétitifs de la production française.

Conditions agronomiques et lutte contre les maladies

Les deux producteurs présents au SIVAL ont également abordé les exigences agronomiques du houblon et ses vulnérabilités sanitaires. Le choix de parcelles bien exposées, drainantes et peu argileuses est crucial pour permettre à cette culture pérenne de prospérer. La disponibilité en eau est également primordiale, chaque pied nécessitant entre 10 à 12 litres d’eau par jour entre mai et juillet. Les sols hydromorphes ou mal drainés en hiver doivent impérativement être évités, sous peine de compromettre les systèmes racinaires profonds de la plante.
Du point de vue sanitaire, le houblon est particulièrement sensible au mildiou, une problématique majeure nécessitant une gestion rigoureuse. En bio, les outils disponibles pour lutter contre cette maladie se limitent essentiellement au cuivre, dont l’usage est strictement encadré à 4 kg maximum par hectare ou 28 kg sur sept ans. Des solutions alternatives telles que les poudres de roche ou les huiles essentielles sont en cours d’expérimentation pour réduire l’impact du mildiou. Par ailleurs, le choix des variétés se révèle stratégique pour prévenir d’autres pathologies courantes comme le puceron ou l’oïdium.

Cette intervention du SIVAL est disponible en replay

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